CSRD : Les enjeux majeurs de la collecte ESG et de la transparence dans la supply chain des entreprises

  • Par Leyton
    • 08 Jan 2024
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CSRD : Les enjeux majeurs de la collecte ESG et de la transparence dans la supply chain des entreprises

La directive européenne CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive) se profile comme une révolution pour le monde des affaires. Prévue pour être en vigueur dès le 1er janvier 2025, elle impose un reporting détaillé sur les impacts environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG). Cette directive engendre des défis considérables, depuis la collecte jusqu’à la publication de données précises et fiables.

CSRD : Dès 2024, une directive qui met en lumière vos données ESG… et financières.

1. Portée et application de la CSRD sur votre gestion quotidienne

Cette nouvelle année 2024 sera sans nul doute placée sous le signe de la data ESG. En effet, à partir du 1er janvier 2025, les entreprises devront publier un reporting CSRD relatif à l’exercice 2024.

Ce rapport extra-financier devra comporter des données qualitatives et quantitatives précises et spécifiques. De ce fait, les entreprises font face à de forts enjeux de mesure, traitement, et vérification de toutes ces données.

2. Pourquoi la création de cette nouvelle directive va vous impacter ?

La CSRD est en réalité une extension de la NFRD (Non-Financial Reporting Directive) qui a été instaurée en 2014. La NFRD a créé des obligations de reporting et de transparence quant à la durabilité pour une certaine catégorie d’entreprises européennes. En France, la NFRD avait été transposé en imposant la DPEF (déclaration de performance extra-financière).

La CSRD est finalement une extension du périmètre des entreprises soumises à ces obligations de reporting. La philosophie du législateur est de rendre acteur tous les membres de l’union européenne en ce qui concerne les sujets environnementaux, sociaux et de gouvernance.

3. Quelles sont les entreprises concernées par cette directive ?

Toutes les entreprises européennes vont être progressivement concernées par l’obligation de reporting ESG.

Tout d’abord, la CSRD concernera les grandes entreprises qui remplissent au moins deux des critères suivants :

  • Employer 250 salariés ou plus.
  • Générer 50 millions de chiffre d’affaires ou plus.
  • Avoir un total de bilan de 25 millions d’euros ou plus.

Sont également concernées les PME cotées sur les marchés européen qui remplissent au moins deux des critères suivants :

  • Employer 10 salariés ou plus.
  • Générer 900 000 euros de chiffre d’affaires ou plus.
  • Avoir un total de bilan de 450 000 euros ou plus.

De ce fait, la CSRD couvrira à terme près de 50 000 entreprises en Europe, tandis que la NFRD concernait 11 000 entreprises.

Concernant les entreprises non européennes, seront concernées celles ayant un chiffre d’affaires supérieur à 150 millions d’euros, sur le marché de l’UE. A noter que l’obligation de reporting ESG est valable également pour les filiales de ces groupes qui devront communiquer sur les indicateurs ESG de la société mère.

4. Calendrier d’application de la CSRD

Si les fondements de la CSRD ont été dessinés dès 2021, la mise en application est très progressive, et ne devrait finalement concerner le plus grand nombre d’entreprises européennes qu’à l’horizon 2029.

Calendrier d’application de la CSRD

5. Collecte de données ESG : un défi de plus à relever par les entreprises

La collecte de données ESG s’avère être un défi majeur pour les entreprises en vue de l’application de la CSRD. Cette directive exige un niveau d’exigence plus élevé que la DPEF (déclaration de performance extra-financière), nécessitant des normes et des indicateurs spécifiques.

Cette nouvelle directive élargit le périmètre des obligations des entreprises en matière de transparence et de responsabilité. Elle représente un défi majeur pour les entreprises, tant en termes de collecte que de gestion des données. Leur obligation de fournir des rapports détaillés concernant les impacts ESG engendre des efforts significatifs pour mesurer, collecter, et organiser ces informations de manière transparente et précise.

La double matérialité, notion centrale de la CSRD, va impacter l’évaluation de votre performance et votre modèle d’affaire.

1. Une nouvelle approche du reporting d’entreprise, qui positionne à un même niveau d’importance les éléments financiers et ESG

Au cœur de la CSRD, se trouve le concept double matérialité, qui implique deux notions :

  • la matérialité financière : il s’agit de l’analyse traditionnelle des risques financiers auxquels une entreprise est confrontée. Elle concerne les éléments financiers qui peuvent avoir un impact significatif sur la performance économique d’une entreprise.
  • l’impact des sujets ESG sur la performance financière des entreprises : cela concerne les risques ou opportunités liés aux facteurs environnementaux, sociaux et de gouvernance pouvant affecter les performances économiques et financières d’une entreprise.

Cette approche vise à établir une corrélation directe entre les aspects extra-financiers et la rentabilité économique. Pour le climat par exemple, cette approche se traduit par une évaluation minutieuse des risques climatiques tels que la santé, la sécurité, ou encore les incidences sur la biodiversité. L’objectif ultime est de garantir une transparence totale et de permettre des comparaisons significatives entre les acteurs économiques.

D’un point de vue conformité, le rapport de double matérialité CSRD devra suivre les indicateurs ESRS (European Sustainability Reporting Standards) définis par l’EFRAG (European Financial Reporting Advisory Group) qui dictent les informations à inclure. Ces normes sont alignées sur le concept de double matérialité. Elles exigent que les entreprises rapportent non seulement sur les aspects financiers traditionnels mais également sur les impacts ESG qui peuvent influencer leur performance financière.

Ainsi, le rapport de double matérialité, en prenant en compte les aspects financiers et ESG, est renforcé par les normes ESRS qui définissent les indicateurs et les lignes directrices pour évaluer et présenter ces deux dimensions dans les rapports de durabilité des entreprises. Cette approche vise à assurer une plus grande transparence et une analyse plus approfondie de l’impact global des entreprises sur la durabilité économique, sociale et environnementale.

2. Indicateurs et normes ESRS – Quelles sont celles qui concernent votre activités et secteurs ?

Les normes ESRS sont au nombre de 12 et recouvrent environ 1 200 indicateurs qui constituent une base indispensable pour le reporting CSRD.

Les ESRS visent à harmoniser les pratiques de reporting ESG à travers l’Europe, permettant ainsi une comparaison plus facile entre les entreprises. Elles incluent des indications spécifiques sur les données à collecter et les indicateurs à présenter dans les rapports de durabilité des entreprises.

Parmi les indicateurs couverts par les ESRS, les entreprises devront suivre :

  • Émissions de Gaz à Effet de Serre (GES) : indicateurs relatifs aux émissions de CO2, de méthane, etc.
  • Consommation d’énergie : mesures liées à la consommation d’électricité, de carburants, etc.
  • Gestion des Déchets : informations sur la quantité de déchets produits, recyclés, ou envoyés en décharge.
  • Égalité des Genres : statistiques sur la répartition hommes-femmes dans l’entreprise, aux différents niveaux de responsabilité.
  • Santé et Sécurité au Travail : données concernant les accidents de travail, les absences pour raison de santé, etc.

Supply Chain et CSRD : LE défi majeur pour la collecte de données ESG en 2024.

1. Une mesure de l’impact de l’activité et de la chaîne de valeur dans son ensemble

La CSRD étend son périmètre jusqu’à la supply chain des entreprises. La collecte des données doit donc être réalisée sur l’ensemble des filiales, fournisseurs et sous-traitants. Le traitement et l’homogénéisation de ces données sur une échelle géographique globale, soulèvent des défis importants.

Il est donc crucial de standardiser et homogénéiser ces données à une échelle géographique mondiale. Cette tâche complexe requiert une collaboration étroite avec les différents acteurs de la supply chain, garantissant une traçabilité précise des informations ESG.

La CSRD impose donc aux entreprises d’élargir leur processus de collecte de données pour inclure l’ensemble de leur écosystème commercial, afin de fournir une image complète et précise de leurs impacts ESG. Ceci inclut non seulement les opérations internes mais également toutes les parties prenantes externes qui contribuent à la chaîne de valeur de l’entreprise.

Les organisations doivent non seulement recueillir ces données, mais aussi s’assurer de leur qualité, de leur transparence et de leur fiabilité pour un reporting CSRD conforme aux normes établies.

2. Concrètement, comment analyser l’impact ESG de sa supply chain ? Comment embarquer ses fournisseurs, sa direction achat et sa direction finance ?

Pour englober l’ensemble de la supply chain, il est nécessaire :

  • D’avoir une connaissance détaillée de toute la supply chain : fournisseurs directs, sous-traitants de rang 1, 2 et 3 ; et des différentes régions géographiques concernées. Plus la visibilité est grande, plus le rapport sera complet.
  • De garantir la transparence et traçabilité des données : il faut mettre en place des processus pour assurer la fiabilité des données provenant de toute la supply chain, notamment en termes de traçabilité et de vérification.
  • De standardiser les données : harmoniser les données collectées à travers la supply chain peut être un défi. Il est crucial d’établir des normes et des méthodes de collecte de données communes pour garantir une comparaison pertinente et fiable.
  • De collaborer et communiquer avec les parties prenantes : les entreprises doivent travailler en étroite collaboration avec leurs fournisseurs pour collecter des données précises et complètes, tout en partageant leurs objectifs et attentes en matière d’ESG.

Quels outils opérationnels pour une collecte ESG performante ? Comment limiter le poids de ce reporting CSRD sur votre « core business » ?

Pour répondre aux exigences de la CSRD, des outils spécifiques sont nécessaires. La mise en place de solutions adaptées pour la collecte, le traitement et la vérification des données devient incontournable pour assurer la conformité et la transparence requises. Ces outils doivent être capables de gérer une grande variété de données, d’assurer leur qualité et leur traçabilité, tout en facilitant leur analyse et leur rapport.

L’utilisation d’outils de collecte de données avancés, tels que des systèmes de gestion intégrée, des logiciels de suivi des performances environnementales et des indicateurs de durabilité, est essentielle pour répondre efficacement aux exigences de la CSRD.

Ces outils permettent de consolider et de valider les données collectées sur l’ensemble de la chaîne de valeur, assurant ainsi la fiabilité et l’exactitude des rapports.

Après la collecte des « data points » et commentaires des ESRS qui vous concernent, quel format de restitution de la CSRD ?

1. Construction de la matrice

Si l’analyse de double matérialité peut paraître de prime abord semblable à une cartographie des risques et opportunités ESG (sous la forme d’un SWOT par exemple), sur le plan opérationnel la restitution est complexe.

Il faut consolider les résultats de la cotation des impacts ESG selon deux axes :

  • Impacts ESG : évaluation de l’importance du point de vue de l’incidence, c’est-à-dire l’impact des activités de l’entreprise sur les parties prenantes tout au long de sa chaine de valeur.
  • Impact financier : évaluation de l’important du point de vue financier, soit l’importance de l’impact ESG sur le modèle d’affaires de l’entreprise.

2. Analyse de la matrice

Les impacts ESG dont l’importance est avérée élevée sur les deux axes de la matrice de matérialité devront faire l’objet d’un plan d’actions et d’un suivi précis par l’entreprise.

L’entreprise s’inscrit alors dans une réelle démarche de gestion du risque, en identifiant et précisant la mesure des expositions.

Car dans le cas où les enjeux ESG cotés importants dans la matrice de double matérialité n’étaient pas surveillés, le risque de dégradation de la santé financière de l’entreprise est réel.

CSRD : un levier stratégique pour les entreprises, une roadmap pour son CODIR et ses actionnaires

Au-delà de la simple conformité réglementaire, la CSRD offre aux entreprises l’opportunité de démontrer leur engagement en faveur de la durabilité et de la transparence. La préparation à cette directive peut ouvrir de nouvelles perspectives stratégiques pour les organisations. La CSRD peut être un moteur pour accélérer la transition vers des pratiques commerciales plus durables et responsables, offrant des avantages concurrentiels significatifs.

Ainsi, les entreprises peuvent entrevoir positivement la CSRD. Elle représente certes des contraintes, mais il s’agit également d’une opportunité pour améliorer leur image de marque, renforcer la confiance des parties prenantes, attirer des investisseurs axés sur la durabilité et stimuler l’innovation.

En adoptant une approche proactive, les entreprises peuvent utiliser cette directive comme un levier pour intégrer davantage de durabilité dans leurs opérations et leurs stratégies commerciales.

Transparence ESG : un nouveau paradigme pour la gestion d’entreprise

La transparence ESG induite par la CSRD n’est pas seulement une obligation réglementaire. Elle devient un nouveau paradigme pour la gestion des entreprises, favorisant une approche plus holistique de leur impact sur la société et l’environnement. Cette évolution conduit les entreprises à repenser leurs processus de gestion, à intégrer la durabilité dans leur culture d’entreprise et à mettre en place des mesures concrètes pour améliorer leurs performances ESG.

En adoptant une approche centrée sur la transparence et la responsabilité, les entreprises peuvent générer un impact positif significatif sur la société et l’environnement tout en améliorant leur performance économique à long terme.

Conclusions & recommandations pour la prise en main de la CSRD

1. En synthèse, les points à retenir sur la CSRD

  • La CSRD exige un reporting détaillé des impact ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) des entreprises.
  • La directive rentre en application dès 2024 avec les premiers reporting en 2025 pour les grandes entreprises, puis une extension progressive jusqu’à 2029.
  • Le reporting repose sur une matrice de double matérialité, concept qui bouleverse le monde des affaires puisqu’il place au même niveau d’importance les impacts financiers et ESG.
  • Les normes ESRS et les indicateurs associés permettront une transparence et une meilleure comparaison des impacts des entreprises européennes.
  • La construction de la matrice de double matérialité va obliger les entreprises à interagir avec prestataires et donneurs d’ordre, et toute la supply chain devra s’aligner sur des données standardisées.
  • La directive CSRD est une exigence légale, mais aussi un formidable levier stratégique et donc doit être vue comme opportunité par les entreprises.

2. Derrière l’obligation réglementaire, un ensemble d’opportunités ESG

La directive CSRD n’est pas seulement une exigence réglementaire, mais aussi un moyen pour les entreprises de démontrer leur engagement envers la durabilité et la transparence. Préparer la collecte de données ESG de l’entreprise et de sa supply chain, développer des outils adaptés et voir au-delà de la simple conformité réglementaire peut ouvrir de nouvelles opportunités pour les entreprises soucieuses de leur impact sociétal et environnemental.

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