Contrat d’intérim : Comment optimiser son recrutement dans un contexte inflationniste ?

  • Par Quentin Legrand
    • 19 Déc 2022
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Contrat d’intérim : Comment optimiser son recrutement dans un contexte inflationniste ?

Face à des difficultés de recrutement, le marché de l’intérim évolue. 

Le marché du travail – et donc par ricochet le marché du travail temporaire – est particulièrement sous tension depuis le 2ème semestre 2020. Entre la mutation en profondeur du marché (volatilité des candidats, crise de vocation de certains métiers, évolution des attentes des ressources) et le contexte post-covid (activité économique soutenue en période de restrictions sanitaire, puis la « grande démission »), les recruteurs doivent réinventer leur métier. L’intérim s’inscrit de plus en plus dans la stratégie de gestion des ressources humaines des entreprises de tous les secteurs. 

L’Etat réforme pour tenter de soulager le marché du travail. Les différentes réformes de l’assurance-chômage appliquées en 2022, et encore en rédaction pour 2023 ont cet objectif ; mais les effets se font encore attendre. 

Alors les agences d’intérim évoluent. Elles se digitalisent pour rendre le sourcing plus performant, elles forment pour « créer » des ressources sur les métiers en tension et elles accompagnent leurs clients dans l’attractivité des postes et le développement de leur marque employeur. De fournisseurs, les meilleures d’entre elles deviennent partenaires du recrutement des entreprises.  

Pour autant, ces partenaires devraient-ils répercuter des hausses de coûts aux recruteurs dans le contexte actuel ? Quel impact a l’inflation sur les coûts des agences de travail temporaire ? 

Les impacts de l’inflation sur le marché du recrutement

En ressources humaines, l’inflation de 2021 et 2022 se caractérise par une hausse des salaires. Le Smic augmente automatiquement par répercussion de l’indice de l’INSEE, les NAO matérialisent les augmentations dans les entreprises, les nouveaux entrants se montrent gourmands et la presse se fait l’écho d’appels à la grève dans plusieurs grands groupes.  

En intérim, la facturation se calcule par application de coefficients sur les salaires bruts. Ainsi, sans augmenter le temps de travail et sans augmenter le prix (coefficient), l’augmentation des salaires entraine une augmentation proportionnelle de la facturation. Pas de surcoût pour l’agence de ce côté-là. 

Outre le salaire, nous comptons dans les coûts directs des agences d’intérim toutes les charges sociales patronales (Urssaf, chômage, retraites, etc). Ces dernières ont connu une baisse importante ces dix dernières années, et se stabilisent depuis plusieurs années avec des hausses minimes de quelques cotisations. Pas de surcoût significatif ici non plus. 

Le point central des coûts des agences sont les allègements de charges sociales, appelés « réduction générale » par les Urssaf, calculés par salarié, par contrat de travail et par année civile. Le calcul des allègements est stable depuis 2020, palliant même en partie aux augmentations de cotisations. Les allègements déduits des charges patronales pour l’employeur dépendent de la rémunération du salarié, plus précisément de son écart par rapport au Smic. Les allègements ont un taux plein pour un salarié au Smic, et tombent à 0 pour un salarié à 1,6 x le Smic (17,71 € bruts en novembre 2022). Pour déterminer la pertinence d’un niveau de prix en intérim, il est donc nécessaire d’étudier les salaires de tous les intérimaires par contrat et par an. L’objectif est de définir leur écart au Smic, donc les allègements que récupère leur employeur et ainsi le coût total pour l’agence d’intérim. 

Le point intéressant dans le contexte actuel est que beaucoup d’intérimaires ont une rémunération supérieure au Smic (et tant mieux pour eux). En revanche, l’écrasante majorité est inférieure à 17,71 € de l’heure, et génèrent donc des allègements au bénéfice de leur employeur. La tendance d’un contexte inflationniste où le Smic augmente rapidement est que les salaires évoluent souvent moins vite que le Smic. Tous les salariés payés 12 euros en 2021 ne sont pas passés à 13 € (+8%) fin 2022 ! Les salaires se rapprochent donc inévitablement du Smic et augmentent naturellement le bénéfice des allègements pour leurs employeurs. Ainsi, sans augmentation de prix, la marge opérationnelle des agences d’intérim augmente et le manque à gagner pour les recruteurs peut être important. 

Auteur

Quentin Legrand, Consultant expert Leyton, responsable du pôle intérim.
Quentin Legrand

Consultant expert, Responsable du pôle intérim.

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