Réforme des retraites et contrats d’assurance : priorité à la renégociation

  • Par Julien Molinier
    • 28 Oct 2022
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Négociez vos contrats d’assurance et prévoyance - Leyton France

Les tendances du marché de l’Assurance :

Depuis 2019, nous observons une hausse des prix et un redressement du marché des contrats d’assurance et prévoyance. Des ajustements sont effectués par les compagnies dans les différentes branches, tant en IARD qu’en assurances de personnes. Ce durcissement du marché a été amplifié avec la crise sanitaire liée à la pandémie mondiale (Covid-19). 

L’année 2022 est marquée par des bouleversements importants de notre environnement  :

On note 3 principaux événements qui impactent aujourd’hui l’environnement de l’assurance :

  • Une crise économique qui se traduit par un retour en force de l’inflation : 5,8% pour 2022. Depuis 1985, il était contenu en dessous des 5% et même majoritairement en dessous de 2% depuis les années 2000. 
  • Des événements politiques majeurs tels que le conflit Ukraine-Russie qui ont eu un impact sur les MP et accentué la crise énergétique. 
  • Une intensification des événements climatiques qui a généré beaucoup de dégâts matériel, sinistres, remboursements effectués auprès des particuliers et entreprises. 

Les assureurs procèdent donc à une revue attentive de leurs portefeuilles, portant un regard précis sur la qualité des risques. Une analyse pointue afin de prendre des mesures de redressement tarifaires sur l’ensemble des branches.  

Les pressions réglementaires et les incertitudes du marché des contrats d’assurance et prévoyance d’aujourd’hui

Les contrats d’assurances collectives, dont la prévoyance sont actuellement impactés par l’inflation et questionnés par des pressions réglementaires et incertitudes liées à la réforme des retraites : quel sera l’âge légal de départ à la retraite, quel âge à taux plein, qu’en est-il des invalides ?

Le contrat Responsable et 100% Santé mis en place par le Président Emmanuel Macron (pour donner davantage d’accès aux soins d’optiques, auditifs et dentaires) impacte également aujourd’hui le marché des assurances collectives.

On constate aussi une volonté du gouvernement de réorganiser le modèle de la sécurité sociale et de l’OCAM (organisme complémentaire d’assurance maladie).

Des pistes de réflexion restent encore ouvertes chez les pouvoirs publics avec « La grande sécu ». Ces possibles évolutions déstabilisent le marché qui se voit progressivement proposer des prix à la hausse, en plus de l’évolution des dépenses de santé.  

Comment ont évolué les frais de santé au 1er semestre 2022 vs. 2021 ?

Selon une observation nationale de l’Assurance Maladie, on constate une consommation médicale toujours élevée et en hausse au 1er semestre 2022 vs 2021, malgré un ralentissement de la crise sanitaire.

Cependant, cette crise ne s’est pas terminée, en entrainant donc une succession de vagues Covid sur des Français majoritairement vaccinés et des reports d’hospitalisation. On constate une évolution de la consommation structurelle alors que la consommation des six premiers mois de 2021 était particulièrement élevée.

Avec un déficit exorbitant de la sécurité sociale de 24 milliards d’euros en 2021 à 33 milliards d’euros prévus en 2022 (le record historique étant de 38,7 milliards en 2020), les réflexions sur le modèle du système de frais de santé sont à l’étude et se répercutent indubitablement sur les contrats de frais de santé. 

L’inflation, un vrai poids pour le système de santé Français ?  

L’augmentation de certains coûts liés à l’inflation se répercute sur les dépenses de santé notamment  :

  • Les revalorisations salariales des personnels soignants ;
  • L’augmentation des prix de l’énergie sur les établissements de soins, les déplacements de professionnels de ville ;
  • La hausse du couts des matières premières (prothèses, lunettes…). 

L’Objectif National d’évolution des Dépenses d’Assurance Maladie (ONDAM) figurant dans le projet de loi de financement de la Sécurité Sociale devrait avoisiner 6,9% pour amortir l’inflation.

Selon le BOSS (bulletin officiel de la Sécurité sociale), le PMSS devrait connaître sa plus forte augmentation depuis sa création il y a plus de 70 ans : +6,9% en 2023  

Le plafond mensuel de la sécurité sociale participe au calcul de certaines cotisations et prestations sociales (complémentaire santé, capitaux décès, indemnité journalière, invalidité, retraite…). Sa plus forte augmentation lors des 20 dernières années remonte à 2006 / 2007 avec + 3,59%. 

Depuis la crise sanitaire de la COVID 19, cet indice a été figé à sa valeur de 2020 (3 428€). En cause, le chômage partiel qui aurait eu un impact négatif sur l’évolution de cette valeur. Le législateur a donc décidé de bloquer cette indice pour ne pas le baisser. 

2023, l’année des indexations records

2023 s’annonce comme l’année du rattrapage : à compter du 1er janvier prochain, sa valeur serait annoncée à 3 666 €. 

L’impact le plus redouté est celui sur les cotisations des complémentaires santé, telles que celles exprimées en% du PMSS. Les entreprises ne pourront pas négocier avec leurs assureurs l’évolution de + 6,9% qui interviendrait sur l’assiette de cotisations ! 

La dérive des dépenses de santé constatée entre les 1er semestres 2022 & 2021 va également bouleverser les renouvellements 2023. Pour y faire face les assureurs devront réévaluer leurs cotisations. Selon les échos du marché, il serait attendu un taux « pivot » compris entre + 3% et + 5%. 

Le marché des assurances collectives se prépare à des indexations « records » avec des hausses tarifaires comprises entre + 6,9% et + 11,9%. Il faudra ajouter le cas échéant l’indexation « technique » pour résorber les déficits des comptes de résultats. 

Comment ont évolué les arrêts de travail au 1er semestre 2022 vs. 2021 ?

Marquée par la crise, une dérive se poursuit sur les arrêts de travail au 1er semestre 2022 vs. 2021, principalement concentrée sur les sinistres de moins de 3 mois (+35%), (selon une observation nationale de la Sécurité Sociale).  

Après une forte hausse en 2020 lié au Covid, l’absentéisme a diminué en 2021, mais cet absentéisme reste à un niveau supérieur à 2019.

Nous constatons également un taux d’absentéisme plus élevé chez les jeunes (-35 ans) ainsi que chez les plus âgés avec une augmentation des arrêts longs.  

Comment la prévoyance va-t-elle évoluer dans les prochaines années ?

Le contexte sanitaire, politique et économique continuera sans doute d’impacter la sinistralité avec  :

  • L’augmentation des arrêts de travail du fait d’assurés plus âgés (jusqu’à au moins 62/64 ans), 
  • La réforme des retraites annoncée qui pourrait augmenter l’âge moyen des assurés, 
  • Une santé mentale de plus en plus fragilisée suite aux crises sanitaires et économiques et des problématiques environnementales, 
  • Une revalorisation des prestations d’arrêts de travail plus conséquente. 

Début 2023, le taux de majoration va osciller entre 3% et 5% afin de pallier à la dérive des arrêts de travail. Selon certains assureurs, la hausse des taux de cotisations en prévoyance risque de devenir systématique si la sinistralité en arrêts de travail n’est pas maîtrisée.  

Quels leviers possibles pour agir sur l’absentéisme ?

Pour pouvoir agir sur l’absentéisme, il faut en premier lieu identifier les risques forts  : L’absentéisme doit être analysé qualitativement et quantitativement : les données chiffrées ne peuvent pas permettre d’identifier toutes les problématiques. N’hésitez pas à faire appel à votre assureur pour être accompagné dans des enquêtes à destination de vos salariés (outils d’études sous formes de questionnaires à destination des salariés).  

En second lieu, il faut agir sur la prévention des risques primaires, secondaire et tertiaires. Les assureurs proposent des catalogues de prestations rarement connues et utilisées . Il convient d’identifier vos besoins et de cibler les actions à mettre en place en fonction du degrés des risques.  

Enfin, les plans d’actions dans une démarche RSE et QVT doivent également intégrer la protection sociale complémentaire.  

L’accompagnement par le Risk Management : pour quels enjeux ?

Afin de faire face à une tendance de dégradation des régimes et risques en perpétuels évolutions, il est crucial d’effectuer une analyse des risques. Cette analyse permet la mise en place d’un pilotage précis des régimes et leur optimisation par les garanties, les systèmes tarifaires et les offres de services.  

Renégocier vos contrats dans un contexte économique instable et un marché des assurances collectives tendu est une priorité pour optimiser ses process, ses outils de sensibilisation et d’attractivité des salariés. Faites le choix d’un accompagnement par le Risk Management avec Leyton, pour l’assurance d’une optimisation réussie de vos contrats.

Auteur

Julien Molinier, Consultant Senior Leyton France
Julien Molinier

Consultant Senior Leyton France

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